(Je m'excuse souvent, mais cette fois c'est justifié. Je vous promets de ne pas trop me lancer comme ça, mais j'ai vraiment besoin de sortir le méchant, comme dirait l'autre.)
Vous vous souvenez de cet épisode de South Park ? Avec Steve Irwin ? C'était l'homme de 1996 qu'ils retrouvaient gelé, trois ans plus tard, en 1999. Incapable de vivre avec les modifications que son monde a subi (Les Falcons au Superbowl! Sa femme avec deux enfants!), il se sauvait dans une ville de 1996, pour retrouver son bonheur, dans un pastiche de tous les hommes d'Encino (Brendan Fraser, où es-tu ?) de ce monde. Ça reste encore aujourd'hui un de mes épisodes favoris. Mais tout le gag principal - l'incapacité de s'adapter à TROIS ans de changement ?!? - résonne un peu plus familièrement à mes oreilles. En d'autres mots, sans vouloir surdramatiser - et Allah sait si je suis bon là-dedans - je pige que dalle à ce qui se passe ici.
J'veux dire, je vais survivre, et le sport ne me pose aucun problème puisque ces idiots de Canadiens se sont remis à perdre à l'instant exact où j'ai remis les pieds ici, mais sinon... Les têtes à claque ? WTF ?!? On dirait un vidéo fait par deux jeunes de quatrième année dans un cours d'anglais, avec des punchs hyper faciles ("Hahahah! Y a dit poulettes cot cot!) prévisibles des millénaires à l'avance et mal animés. Le banquier ? Un jeu télévisé dont le challenge principal est, attention mesdames et messieurs, des valises qui ouvrent. That's it. Une poule aux oeufs d'or avec vingt-cinq oeufs, bâtard, et Guy Mongrain remplacée par une femme qui est sûrement sur la liste des armes interdites par la convention de Genève. Ah, et un montage stressant dont l'objectif semble être de prouver qu'ils utilisent vraiment leurs trente quatre caméras. Un million et demi d'auditeurs. Occupation Double à deux millions, c'est con, mais je peux comprendre : y a des choses qui se passent, un challenge quelconque, des beaux petits voyages dans le Sud avec Air Transat. Mais presque le quart de la province qui regardent des valises ouvrirent pendant une demi-heure ? S'étonneront après que le taux de suicide soit si élevé.
Et, surtout, par dessus tout, le débat sur les accomodements raisonnables. Give me a break. je pars cinq mois, je reviens, et apparemment le québec tout entier se trémousse, cassant du sucre sur le dos des immigrants, avec au passage le classique "ouan au Québec on est tellement mous" etc. etc. Accomodement raisonnable, ce que j'en ai compris depuis mon retour (et à distance) :
A) Une vitre d'un YMCA de l'ouest de l'île de Montréal fut givrée pour plaire à des juifs hassidiques. Plus grosse crise sociale au Québec depuis longtemps.
B) Mario Dumont a pété une coche.
C) Des gens de Shawinigan, New Carlisle et Rouyn se sont mis à péter leurs coches contre les immigrants "qui arrivent icitte tsé, pi ils veulent pas s'adapter", connaissant bien évidemment le sujet de l'immigration de fond en comble.
D) Mario Dumont a continué de s'épivarder.
E) Apparemment, personne n'a allumé sur le fait que les juifs hassidiques sont là depuis un siècle, et sont techniquement aussi Québécois que vous et moi (et c'est déprimant de penser à l'homogénie de mon lectorat).
F) Une meute de journalistes se sont rassasiés du moindre petit accomodement raisonnable, genre "mon doux y a des musulmans qui font des recherches au lieu de jouer des instruments de musique mais ON VA PERDRE NOTRE CULTURE!"
G) J'hais Mario Dumont encore plus qu'avant. Aussi extrêmiste que LePen ? Non. Aussi con ? Hell yeah.
H) Mais plus que Mario Dumont, je déteste, j'abhorre, je hais, j'exècre au plus haut point ce vieux fond de xénophobie (et, ne nous le cachons pas, d'antisémitisme) qui ressort soudainement de notre société, son blason redoré par un débat faussé de toute part; pour une opinion modérée, trop de fiel anti-ethnies craché sous un masque couvrant mal l'intolérance et la haine, fiel qui amenuise à chaque jour un peu plus cette image que je m'étais fait de la société québécoise, de ma société. Qu'on ait réussi à construire une société multiculturelle où le plus gros conflit entre les différents groupes est la présence d'un sapin de Noël dans un centre commercial devrait être source de réjouissance, non de débats; et plus que le froid, la neige, l'ennui, ou toute autre raison, c'est de voir mes confrères et consoeurs cracher ainsi sur ce qui est une réussite imparfaite certes, mais une réussite tout de même, et une dont je suis vraiment, vraiment fier, qui me fait le plus regretter ce billet d'avion pour Montréal.
Thursday, February 15, 2007
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6 comments:
Wow.
Les têtes à claque c'est de la marde; la "crise" des accommodements raisonnables une forme de compensation pour affirmer une identité autrement presqu'inexistante (on s'entend-tu que ceux qui ont historiquement le plus "bafoué" notre identité, c'est ni les immigrants, ni les Canadiens anglophones, mais les Anglais d'Angleterre... et nous-mêmes... dans le fond la marde nous tombe toujours dessus de la même place, qu'on soit en Palestine ou au Québec!); mais je crois pas qu'il y ait à regretter d'avoir sauté de la poêle à frire dans le feu... comme il y a toujours des imperfections à corriger, ton aide sera la bienvenue!
Anti-sémitisme, charie pas.
Parce qu'on injurie un noir de fait pas nécessairement de nous un raciste. Chapeleau a le droit de faire des caricatures ridiculisant n'importe qui, pourvu qu'il soit blanc, et ça va passer. S'il caricature une ethnie, Paf!, il devient anti-çi et anti-ça.
L'employé blanc à qui on impose l'uniforme au travail, c'est correct, mais le musulman à qui on impose un uniforme, c'est du racisme parce qu'on ne lui laisse pas la liberté de s'habiller selon ses coutumes.
Être égaux, ça ne veut pas seulement dire avoir autant de droits que les autres, ça veut aussi dire avoir les mêmes restrictions.
Hey vieille patate, merci pour le topo.
Mais après avoir passé plusieurs soirées à me faire refuser l'accès aux bars de Moscou simplement parce que j'étais avec mon ami Coréen, ma conception de racisme n'est plus la même.
M'enfin. Cette crise, que je n'observe qu'un peu et de l'extérieur, me semble particulièrement anodine. Et comme d'habitude, ton point de vue est quand même tout à fait intéressant.
J'ai jamais dit, David, que tout le monde blastant les accomodements faits aux hassidiques sont antisémites. Juste que une bonne coupe de commentaires antisémites ressortent du lot dernièrement, sous prétexte d'accomodements. Quand ta phrase commence par "les criss de juifs" mettons que ça regarde mal, tsé.
Et pour l'exemple de la job, je suis d'accord avec toi -par exemple, les sikhs devrait porter un casque dans le port de Montréal, c'est juste le gros bon sens. Sauf que jusque ici, la presque totalité des cas cités n'ont rien à voir ni avec la sécurité, ni avec le travail.
Héhé! As-tu aimé la fougue dans mon commentaire?
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