Friday, April 17, 2009

Des visages, des figures

Vais-je vraiment encore parler de téléréalité?

Oui.

Depuis quelques jours, j'entends parler un peu partout de Susan Boyle, cette britannique au look peu avantageux qui a offert une prestation fantastique à Britain's Got Talent, une émission de téléréalité. Pour ceux qui n'auraient pas encore vu le vidéo, il est ici.

Elle a connu un succès époustouflant: les trois juges l'ont couvert d'éloges et au moment d'écrire ces lignes, 20 millions d'internautes avaient visionné sa performance d'une chanson des Misérables sur YouTube.

Pour ma part, je ressens un malaise profond en regardant ces vidéos et le succès incroyable de ceux-ci.

Qu'il soit difficile pour quelqu'un qui n'est pas un canon de beauté de percer dans l'industrie musicale, c'est un fait accompli. Le marketing de chaque nouvelle chanteuse tourne presque exclusivement autour de son physique, que ce soit à coup de vidéoclips suggestifs, de pochettes d'albums provocatrices ou de publicités frôlant la pornographie.

Mais la réaction au talent de Susan Boyle illustre que cette fausse équation - il faut être belle pour chanter - est maintenant imprégnée dans l'esprit collectif. Des millions de personnes qui n'ont normalement rien à foutre de la trame sonore des Misérables se ruent sur la vidéo non pas pour le talent brut de Boyle, mais pour le contraste surprenant entre son talent et son apparence. Des millions de personnes ont une réaction commune - celle d'être étonnées, et émerveillées, qu'une personne au physique si peu avantageux puisse chanter si bien.

C'est triste de voir que le marketing musical a non seulement réussi à nous vendre des chanteuses qui sont des pitounes avant d'être des voix, mais aussi à nous convaincre en tant que société que seules les pitounes ont la possibilité d'avoir du talent.