Sunday, December 30, 2007

4 - Question préalable.

Quatre jours avant les caucus de l'Iowa, donc. Et si la course semble serrée du côté républicain, Romney inondant l'État de publicité pour ravir la première place à Mike Huckabee, elle l'est encore plus du côté démocrate, les derniers sondages plaçant Edwards, Obama et Clinton à égalité. Le gagnant, qui, selon certains analystes, risque d'être décidé par aussi peu qu'un millier de votes, risque donc de l'emporter principalement en raison du procédé quelque peu... étrange des caucus.

Pensez à l'assemblée générale étudiante la plus anarchique, la moins démocratique à laquelle vous assistez (vous pouvez en profiter pour vous rappeler du type qui comparait François Cyr et moi à Hitler, en 2005). Empirez-la. Vous avez un caucus démocrate.

Le principe est simple : dans les 1784 districts de l'Iowa, les électeurs démocrates - qui, en raison de la petitesse du lieu, se connaissent déjà presque tous - se rassemblent dans une salle quelconque, divisée d'avance en plusieurs zones, par exemple une zone Obama, une zone Dodd, une zone Biden, et ainsi de suite, incluant une zone d'indécis. Ensuite, les participants ont une trentaine de minutes pour convaincre les indécis (et les gens des autres zones) de joindre leur clan. Après cette trentaine de minutes, tout est suspendu, et les responsables comptent les délégués respectifs.

Mais attention! Ce n'est pas fini! À ce moment, les candidats sous un seuil de viabilité prédéterminé, généralement entre 15 et 25 %, sont éliminés, et une autre trentaine de minutes est donnée aux camps restants pour convaincre les délégués "orphelins" de se joindre à eux (ou pour laisser le temps à deux camps éliminés de s'allier).

C'est donc beaucoup plus un jeu de coulisses qu'une véritable élection. Par exemple, présentement, les spéculations vont bon train : Hillary commande-t-elle à ses électeurs de certains districts de joindre Edwards, parfois, pour tenter de miner Obama ? Qui les supporters de Dodd, Kucinih, ou Biden appuieront-ils ? Les délégués d'Obama, en moyenne plus jeunes, sauront-ils être aussi efficaces que ceux d'Edwards, généralement plus expérimentés ?

Bref, c'est bien possible que le déroulement de la prochaine élection soit en bonne partie affectée par le fait que la famille Sutton de DesMoines se joigne au clan Clinton parce que celui-ci compte Bill Parcell, un ami de longue date. Ou que Barack Obama devienne éventuellement candidat parce que Suzie Mitchell de Cedar Rapids est incapable de dire non à son voisin.

Bienvenue en Iowa.

Dans tes dents, Simon-Pierre Diamond!

NY Times :

Three days after the death of Benazir Bhutto, the Pakistan People’s Party on Sunday chose her 19-year-old son, Bilawal, and her husband, Asif Ali Zardari, as co-leaders of the party, the biggest and most potent in Pakistan.

Saturday, December 29, 2007

5

(Premier message de ce que j'espère sera une série de cinq, qui nous mène au 3 janvier, jour des caucus de l'Iowa).

En 2004, durant les dernières semaines avant les caucus de l'Iowa, Howard Dean et Dick Gephardt étaient donnés gagnants par les sondages. Ils ont donc fait ce qui, selon leurs consultants, s'imposait : ils ont attaqué, innondant l'Iowa et le New Hampshire de publicités négatives sur l'autre. Le jour du caucus, John Kerry sortait gagnant haut la main, et n'allait jamais perdre sa première place. Les électeurs des deux premiers États détestent la publicité négative.

Donc, quand je lis, dans le bienaimé NY Times, ceci :

On the Republican side, soon after Mitt Romney released a television advertisement on Friday in New Hampshire attacking Senator John McCain’s record on taxes and immigration, the McCain campaign released its first negative ad, using the words of the state’s leading papers to condemn Mr. Romney as a “phony.”


Je me dis que Mike Huckabee doit vraiment, vraiment rire dans sa barbe.

Wednesday, December 05, 2007

Analyse d'une profondeur insoupçonnée.

Ce ne sont pas les révélations de Schreiber sur 30,000$ remis cash qui vont faire le plus mal à Jean Charest.

C'est le fait que cela donne une excellente excuse aux journaux de ressortir des photos de lui à cette époque, avec son horrible coupe de cheveux rousse.

La paix des faibles

(Je vous offre un texte un peu plus froid, écrit dans un cadre scolaire. Habituez-vous - c'est à ça que ressembleront mes écrits lorsque je serai publié...)

En 1993 furent signées les accords d’Oslo, qui devaient être le premier pas, vers une résolution du conflit israélo-palestinien. Leur application fut menée par Yitzhak Rabin et Shimon Peres du côté israélien, et Yasser Arafat du côté palestinien, tout trois jouissant d’un excellent appui auprès de leurs populations respectives.

Pourtant, durant les cinq années qui suivirent Oslo, près de deux fois plus d’Israéliens furent tués dans des attaques terroristes menées par des Palestiniens que durant les six années que durèrent l’Intifada, la guerre des pierres. Ytzhak Rabin fut assassiné, Benjamin Netanyahu, un partisan de la ligne dure, porté à la tête de l’État hébreu et le conflit reprit de plus belle, malgré d’autres tentatives de négociations.

Ces difficultés par des leaders forts à appliquer un plan de paix pourtant populaire soulèvent de sérieuses questions sur le réalisme des actuelles négociations dirigées par les Etats-Unis entre Palestiniens et Israéliens. Les dirigeants de ces nations, s’ils devaient arriver à une entente, n’auraient sans doute même pas le support nécessaire pour l’appliquer.

Le président palestinien Mahmoud Abbas est considérablement affaibli après sa longue confrontation avec le Hamas. Le Fatah, son parti politique, profondément divisé et discrédité, ayant perdu tout contrôle sur la bande de Gaza, Abbas ne peut compter sur un appui majoritaire de la population palestinienne, et ce, malgré les nombreuses tentatives internationales de renforcer son statut en accordant à l’Autorité Palestinienne un plus grand soutien financier.

Le premier ministre israélien Ehoud Olmert est pour sa part éclaboussé par un considérable scandale financier et doit composer avec une profonde division au sein de son parti, le Kadima, sur les pourparlers qu’il tient présentement. De plus, le consensus pour la paix est loin d’être large auprès de ses concitoyens : seuls 51 % des Israéliens appuient les plus récentes négociations.

George W. Bush, de son côté, tente en promouvant un plan de paix que l’histoire retienne autre chose de sa présidence que la désastreuse invasion de l’Irak. Mais advenant une entente, qui risque d’impliquer l’envoi de forces étrangères pour assurer à Israël une certaine sécurité, comment ce président au taux d’approbation famélique saura convaincre le Congrès de fournir les troupes nécessaires ? Ce partisan farouche de l’unilatéralisme saura-t-il convaincre la communauté internationale d’appuyer une entente ?

Certains diront qu’essayer vaut mieux que de ne rien faire. Il n’en est rien : en cas d’échec, il n’y aura pas de retour au statu quo. Le Hamas clamera qu’il avait raison de s’opposer aux négociations, et prendra encore plus de galon ; les faucons israéliens essaieront d’imposer une ligne plus dure au gouvernement Olmert. Les échecs répétés des dernières années ont eu pour conséquence de radicaliser les positions israéliennes et palestiniennes : la deuxième Intifada tire ses racines des ratés des négociations. À chaque porte claquée, à chaque sommet d’où ne provient que fumée, les sceptiques se voient renforcés, assurant à la prochaine tentative un peu moins de support.

Parfois, le chemin le plus court vers la paix passe par la patience. Si quelques politiciens tentant de sauver leurs carrières signent un accord de paix qu’ils n’auront jamais les capacités d’appliquer, ils ne feront que fournir des armes aux plus radicaux des deux camps. Un échec aussi retentissant jetterait un discrédit sur toute future tentative sérieuse de négocier une véritable paix durable, tentative qui devra avoir lieu lorsque les circonstances seront plus propices.

Le conflit au Proche-Orient dure depuis des décennies déjà ; rien ne saurait justifier que l’on bâcle rapidement une entente qui ne ferait qu’accentuer les tensions.

Les Palestiniens et les Israéliens méritent mieux qu’une paix des faibles.

Tuesday, December 04, 2007

1 msg d'aintéraie pu Biblique.

Si j'aspire à devenir un artisan du quatrième pouvoir (ou gratte merde, selon d'autres), c'est pour pouvoir pondre des histoires comme :celle-ci

Le député adéquiste de Saint-Maurice, Robert Deschamps, a publié hier un communiqué de presse bourré de fautes de français plutôt évidentes. Il a même rebaptisé son propre parti «l'Association démocratique du Québec».(...) Le communiqué de presse compte au moins 20 fautes ou incorrections, ont confirmé les conseillers linguistiques de La Presse. C'est une moyenne de 2,2 fautes par phrase. (...)

Le décompte des fautes réalisé par La Presse inclut la ponctuation (l'omission d'un point d'interrogation et de virgules, par exemple). Mais il exclut les formulations boiteuses. Lorsqu'il propose des mesures pour venir en aide à Shawinigan à la suite de la fermeture de l'usine Belgo, Robert Deschamps écrit par exemple: «Regroupement de toutes les instances économiques tel (sic) la Société de développement de Shawinigan, le Conseil local de développement et les quelques autres soient regroupés pour former un seul comité économique (...)».


Magnifique. Vous imaginez le grand patron de Bowater, de Bombardier, d'Alcan, qui reçoit une lettre truffée de fautes lui demandant d'investir dans la ville du dit député ?

Mais malheureusement, on n'en parlera pas beaucoup. Non. C'est tellement plus jouissif de jouer au mélodrame collectif en tombant à bras raccourcis sur notre génération qui ne sait (théoriquement, on s'entend) pas écrire que de vouloir de nos représentants publics un français de qualité. La génération Nintendo a le dos plus large que les péquenauds en cravate.