Tuesday, June 05, 2007

La manchette de la semaine prochaine

Vous ne connaissez sans doute pas Ehud Barak. Et c'est triste. Parce que c'est sans doute la meilleure chance qu'a connu Israel et la Palestine de connaître la paix depuis longtemps.

Barak, un ancien militaire (à vrai dire, le militaire le plus décoré du pays, juste ça) devenu chef du parti travailliste israelien, fut élu premier ministre en 1999, et, tranchant avec l'attitude agressive de son prédécesseur, Benjamin Netanyahu, il entreprit immédiatement de négocier une paix durable avec l'Autorité Palestinienne, sous la surveillance de Bill Clinton qui souhaitait terminer en beauté sa présidence.

Barak a offert aux Palestiniens l'équivalent de 92 % de l'ancienne Palestine, plus des territoires dans le Negev pour compenser le 8 % manquant. Le droit de retour pour une partie des réfugiés, plus une compensation financière importante pour ceux ne pouvant revenir. L'Autorité sur Jérusalem-Est, future capitale de l'état palestinien. Yasser Arafat, toujours aussi stratège, finit par claquer la porte au nez de Barak, le laissant les mains vides devant son électorat. Le reste est bien connu : Intifada, Sharon, mur, Hamas, etc.

Je parle de ça parce que c'est l'anniversaire de la guerre de six jours, évidemment, et qu'une presque solution (quoique partielle), ça vaut la peine d'en parler. Mais surtout parce que la semaine dernière, les travaillistes ont voté pour démettre leur chef actuel Amir Peretz, extrêmement impopulaire depuis sa direction de l'armée durant la guerre au Liban de l'été dernier. Et qu'au deuxième tour du vote, mardi prochain, Ehud Barak affrontera Ami Ayalon. Et que les deux ont juré de se retirer de la coalition du Kadima, donc de faire tomber le gouvernement. Et donc, que vous en entendrez parler à profusion, sans doute, la semaine prochaine, parce que Barak (ou Ayalon) auront une influence considérable sur la politique moyen-orientale.

Et, surtout, que je suis encore un peu trop idéaliste par rapport à ce dossier, persuadé qu'il y aura, un jour, une paix négociée entre Israéliens et Palestiniens. Et Barak est, jusque ici, celui qui s'en est approché le plus.

10 comments:

Anonymous said...

Si on veut faire de l'histoire, il faut aussi analyser les situation dans leur globalité et non pas uniquement partiellement ( je pourrai présenter Arafat comme un gentil garçon en présentant que des parties de l'histoire d'Israël).

Le sommet de Camp David II s'est peut-être terminé assez abrutement en raison de l'opposition d'Arafat à plusieurs propositions et l'absence de contre-proposition palestinienne. On attribua certes (et avec raison) l'échec de cette négo à Arafat, mais il faut dire que certaines positions d'Israël étaient innaceptables, comme le refus d'une réintégration des réfugiés palestiens en raison des craintes d'Israël de voir trop de Palestinien dans l'état Israëlien (dans les zones qui auraient été occupées mais pas gouvernées par les Palestiniens). Israël écarta la proposition en affirmant que les réfugiés juifs et/ou Israéliens n'avaient pas été dédommagés ( et ils n'ont pas fait de contre-proposition pour accepter à la fois les réfugié palestiniens et juifs?) Je crois que les questions touchant les considérations humaines (sort des réfugiés) sont bien plus importantes que les questions territoriales, à quoi bon avoir 92% du territoire occupé sans pouvoir faire revenir les réfugiés palestiniens?

De plus, les négos avec les palestiniens ne se sont pas terminées avec le camp David, il y a ey le sommet de Taba en 2001, qui cherchait à reprendre les négos du camp David, encore une fois Arafat et Barak était invité`à négocier. Les discussions avançaient bien jusqu'à ce déclenche la campagne électoral en Israël, et c'est Barak qui préféra se concentrer sur sa campagne plutôt que de conclure des négos de paix qui s'annonçaient très bien. L'échec ne vient pas d'Arafat cette fois... Il faut dire qu'au point de vue politique, être trop accomodant avec les palestiniens en pleine campagne électoral peu être mal perçu par la branche plus radicale de la population d'Israël...

Tout ça pour dire que le processus de paix israelo-palestinien est ponctués de nombreuses échecs provenant d'un côté comme de l'autre, et qu'un même individu, israëlien ou palestinien, peut en une vie faire des démarches favorisant le processus de paix et faire échouer ce même processus quelques temps plus tard.

Entka,

a+

BEN

Guy said...

Sur une note plus amusante, le soldat israélien habillé en femme lors du raid contre le refuge des terroristes (était-ce au Liban) dans le film Munich était... Ehud Barak. (Pas l'acteur, bien sûr, mais le personnage).

Guy said...
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Guy said...

Un petit brin d'histoire vraiment intéressant sur la Guerre des Six Jours, selon des documents récemment déclassifiés:

Guy said...

J'aimerais ça qu'il y ait une manière d'éditer ses messages... Le lien que je donnais est:
http://www.salon.com/opinion/feature/
2007/06/04/six_day_war/

Anonymous said...

"Si on veut faire de l'histoire, il faut aussi analyser les situation dans leur globalité et non pas uniquement partiellement"
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"Je crois que les questions touchant les considérations humaines (sort des réfugiés) sont bien plus importantes que les questions territoriales"
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Désolé, pas d'accord. Même chose sur Barak qui s'est concentré sur sa campagne : lui voyait les choses vraiment globalement. On peut 'plus négocier de paix quand on n'est plus au pouvoir, et bâcler les négos pendant une campagne risque à la fois de résulter en un accord friable et en la perte du pouvoir.

Ensuite, si "l'ouragan" du Moyen-Orient pouvait être pourvu d'un oeil (zone tranquille) par le simple règlement des questions territoriales, je penses que les réfugiés non-dédommagés pourraient s'accommoder d'un peu de misère pour davantage de paix. De toute façon, il y a toujours un prix à payer pour cesser les hostilités. L'insatisfaction de quelques-un, si elle amène du mieux à beaucoup, est à prôner. Ça peut sembler inhumain, mais quand il s'agit de solutionner des trucs aussi chiants (à court et long terme), un peu de calcul statistique s'impose.

Christopher Young said...

Amen à ta conclusion, Ben. Mais deux petits trucs :

" Il faut dire qu'au point de vue politique, être trop accomodant avec les palestiniens en pleine campagne électoral peu être mal perçu par la branche plus radicale de la population d'Israël... "

Je pense qu'être accomodant passe très bien en temps normal - la plupart de la population israélienne souhaitant une paix durable, et étant consciente que la négociation est le seul moyen de l'obtenir - mais en temps d'intifada, comme c'était le cas à ce moment, pas mal moins.

"et c'est Barak qui préféra se concentrer sur sa campagne plutôt que de conclure des négos de paix qui s'annonçaient très bien."

Les élections étaient le 6 février - Taba se termina le 27 janvier, dix jours avant. Barak a tout de même passé janvier à négocier plutôt qu'à faire campagne, et à dix jours des élections, il devenait évident que l'accord ne serait pas conclu à temps :

"Saeb Erekat, Palestinian chief negotiator, said, "My heart aches because I know we were so close. We need six more weeks to conclude the drafting of the agreement."

Et entre toi et moi, rusher pour voir un accord la veille des élections, pour voir Sharon l'emporter par un raz-de-marée et le déchirer illico, ça doit donner le goût de faire campagne un peu...

Anonymous said...

Deux points: Je suis d'accord pour la question des élections, mais rappellons-nous qu'elles avaient été déclenché par la démission de Barak le 9 décembre:
"Barak n'est plus sûr de disposer d'un soutien assez important pour poursuivre les discussions avec l'Autorité palestinienne et il choisit de demander la dissolution de la Knesset le 5 décembre et de démissionner le 9 décembre 2000, ce qui précipite une élection anticipée. Le parti travailliste nomme immédiatement Barak comme candidat pour l'élection à venir. Des discussions ont lieu dans la classe politique israélienne... L'élection ne désignera donc que le nouveau Premier ministre en février 2001." (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_du_Premier_ministre_isra%C3%A9lien_de_2001)
et que le sommet de Taba se déroula du "21 janvier au 27 janvier 2001" Si Barak voyait les choses si globalement il n'aurait pas entrepris des négos, sans être assuré d'un "soutien assez important pour poursuivre les discussions avec l'Autorité palestinienne" et de plus, en connaissant la longueurs des négos, il ne les aurait pas débuté si près de la date butoire de l'élection du 6 février. Donc je suis en parfait accord avec toi Éric,
"On peut 'plus négocier de paix quand on n'est plus au pouvoir, et bâcler les négos pendant une campagne risque à la fois de résulter en un accord friable et en la perte du pouvoir." Mais pourquoi avoir débuté de telles négos (pour les mêmes raisons que tu mentionnes). Les élections étaient annoncées bien avant le début du sommet, peut-être s'agissait-il ici d'un honorable effort afin de régler la crise juste avant les élections, mais le pari était risqué, on débutait ds négos en sachant qu'elles devraient être courte (en raison des élections) mais en sachant qu'elles ne pourraient pas l'être (en raison de la complexité du confli). Entreprendre un sommet (en connaissance de la venue prochaine des élections) et le quitter de manière si abrute semble être pour moi un geste peu responsable, puisque souvent, l'échec d'un sommet est vu comme une preuve supplémentaire de l'incapacité à résoudre un conflit pas voie diplomatique, élément qui ne pouvait que raviver les tensions entre israéliens et palestiniens, tensions qui étaient assez fortes en ce début de seconde intifada...(comme le souligne christo).

Je suis d'accord avec le fait que les israéliens souhaitent majoritairement vivre en paix, et je ne suis pas certains qu'ils apprécient qu'on coupe dans les programme sociaux pour construire le mur, mais n'oublions pas que la peur peut mener à une radicalisation politique. C'est Sharon qui a provoqué la seconde intifada par sa visite à "l'esplanade des mosquées". En se contexte de crise, il y avait deux alternatives, la ligne dur de Sharon et du Likoud, ou la voie diplomatique avec Barak, et, je le répère, en pleine intifada, les israéliens voyaient à la fois deux manière de "dealer" avec les palestiniens, la voie forte par la confontration tank contre pierre dans les rues, et la voie diplomatique du sommet, je crois que les travaillistes auraient gagné davantage en poussant plus loin les négos (regardez pendant qu'on se bat dans les rues, votre futur premier ministre négocie pour la paix au lieu d'entrer dans le cercle des violences). En quittant le sommet pour aller faire une campagne contre Sharon, Barak laisse tomber son argument le plus fort, l'effectivité de l'alternative diplomatique, et va même jusqu`à aller à l'encontre de ce point (qui aurait pu être le plus fort) en abandonnat le débat élément interprété par le likoud comme une preuve supplémentaire de l'incapacité de négocier avec les palestiniens et comme un argument en faveur de la voie forte ET CE À LA VEILLE DES ÉLECTIONS?

Pour ce qui est des questions territoriales, à quoi bon avoir un territoire en paix et des réfugiés qui ne peuvent s'y rendre, ne crois-tu pas plutôt que c'est un élément suffisant pour raviver les tensions "On veut retourner chez nous!" et non pas " Yes! Nos maisons sont enfin à nous, mais on ne peut pas y aller, mais c'est pas grave, on va rester ici dans notre beau camp de réfugiés privé de tout." C'est le sort des palestiniens qui est à l'origine de leur révolte, (la faim, la misère et surtout soif ) s'ils veulent leur terre, c'est pour se sortir de cet état miséreux, et non pas d'abord par fierté nationaliste.
Tant et aussi longtemps que les injustices demeureront (d'un côté comme de l'autre)je ne crois pas qu'on pourra trouver une zone de paix en Palestine.

Mais bon, mon but n'était pas de ternir l'image de Barak ni de me faire pro quelque chose et anti une autre affaire, mais seulement d'essayer, avec vous, de mettre ensemble tous les faits et d'avoir une vision plus globale de la situation. Mais enfin, plus on s'interroge sur la question des relations israélo-palestinienens, plus on voit la complexité de cette question, et surtout le fait qu'il n'y a pas le côté des gentils et celui des mauvais, que du noir et du plan, mais surtout du gris.

Pour un peu d'art allez voir le travail de Bansky, un graffiteur très cool qui a (entre autre) dessiné sur le mur de palestine

A+

Ben

Anonymous said...

Ça me fait tellement rire les histoires de mur... y'a déjà des photos en lignes de flots qui s'introduisent entre les deux côtés (avec comme commentaire ironique, genre, "aussi impénétrable que le titanic était insubmersible").

Et puis bon, que ce soit Barak qui ait choké ou Arafat qui lui ait mis des bâtons dans les roues, l'important serait de maintenir ou d'insister sur la viabilité de la diplomatie ("Oh NO! NOT DIPLOMACY!" Disait Stephen Colbert) par opposition, genre, à la guerrilla anarcho-militaro-métaphysico-territoriale (...on peut trouver un sens à chacun des termes) qui fait peu de chose à part déclencher une sorte de pente fatale de vendettas partout en Palestine...

Anonymous said...

amen, il ne s'agit pas de lancer la pierre au palestinien ni au israélien, ni d'en glorifier plus un que l'autre. En fait l'Histoire mène peut-être au cynisme (au sens moderne du terme)et au relativisme et (cauchemard du philosophe aristo-thomiste... que je ne suis pas... ô mon Dieu c'est le doyen philo de l'université Laval, non pas l'Eau bénite, ça brûle, nooooooooooooon....