Monday, August 11, 2008

Quand Montréal se prend pour Newark, 1967

Des imbécilités comme ça, vous risquez d'en lire/entendre à la tonne au cours des prochains jours. Le Québec xénophobe se lèche les babines, et s'apprête à taper encore plus sur la caboche de quiconque n'est pas blanc, catholique, francophone hétérosexuel et aimant la viande rouge. Ceux qui n'aiment pas trop la police se lèchent les babines, trop heureux de pouvoir les peindre comme des brutes épaisses qui apportent plus de mal que de bien à la société.

Et on ne se penchera pas sur le fait qu'en tant que société, nous avons laissé de telles poches de mécontentement se créer. Que la ville de Montréal sous Gérald Tremblay est devenue une vulgaire administratrice de nids-de-poule et d'étendage de béton, abandonnant tout projet social et laissant de côté des quartiers entiers, rongés par la pauvreté et le crime organisé. Que la formation des policiers est plus axée sur "Finir dix longueurs de piscines dans le temps requis" que sur le jugement, ou la compréhension d'autres cultures. Qu'en concentrant toutes les énergies policières sur les motards, on a laissé des gangs de rue, des petits toughs dont les seuls principes se monnaient, peindre des secteurs entiers de la ville en rouge ou en bleu. Que les politiciens locaux ont mis l'accent sur leur réélection constante, ou sur la course au micro le plus proche - c'est la circonscription de Denis Coderre - plutôt que sur l'amélioration des conditions de vie de leurs électeurs. Que le Québec a le pire écart de taux de chômage entre minorités visibles et population blanche du Canada - deux fois le taux moyen des États-Unis (seuls trois États américains ont un pire résultat que le Québec).

Vive les dialogues de sourds.

2 comments:

Belz said...

Merci pour le lien, mais je ne me sens pas du tout concerné quand il est question de xénophobie. Je t'invite à relire mon billet, à lire l'ajout et à lire mes commentaires sous cet article.

Je ne suis ni raciste, ni xénophobe, mais au contraire pour une plus grande intégration des immigrants au sein de notre société.

Christopher Young said...

Loin de moi l'idée de présumer que tu es xénophobe ou raciste, cher Belz. Mais quand tu affirmes que "si moi-même j’étais en plein coeur de ce triste quartier et que j’étais entouré d’une bande de Noirs hostiles, j’aurais dégainé mon arme et j’aurais tiré", alors que le jeune abattu était en fait latino, j'ai peine à y voir autre chose qu'un préjugé contre les noirs qui ressort. Idem quand tu parles de "Négros frappant à coup de barres de fer dans les autobus de la STM", quand tous les journalistes sur place ont pris soin de souligner que la composition ethnique des émeutiers était extrêmement variée, Patrick Lagacé de La Presse soulignant même que les premiers feux furent allumés par des blancs...

De plus, lorsque tu affirmes que "Le racisme n’existe pas au Québec", tu fais abstraction du fait que dans notre province, la disparité entre les revenus des minorités visibles et des personnes "blanches" est deux fois plus élevée que n'importe où ailleurs au Canada. Difficile d'y voir une autre cause qu'une certaine discrimination...

De plus, même si ça n'a rien à voir avec le racisme, quand tu affirmes que les policiers qui ont abattu le jeune homme "méritent une médaille pour avoir tenté d’inculquer un peu de sens civique et de respect de la loi à ces jeunes qui ne semblent respecter que la force brute", je trouve que tu pousses le bouchon très loin, trop loin. L'enquête nous dira s'ils avaient raison de se croire en danger, mais même si c'est le cas, jamais abattre un civil ne devrait être considéré comme une bonne leçon sans plus.

Reste qu'on se rejoint sur un point : la nécessité de "programmes politiques susceptibles de donner un avenir aux jeunes et de les inciter à se considérer comme faisant partie intégrante de cette société qui ne demande qu’à les accueuillir(sic)".

Bonne chance pour calmer la tempête qui déferle sur ton blogue.