Wednesday, December 05, 2007

La paix des faibles

(Je vous offre un texte un peu plus froid, écrit dans un cadre scolaire. Habituez-vous - c'est à ça que ressembleront mes écrits lorsque je serai publié...)

En 1993 furent signées les accords d’Oslo, qui devaient être le premier pas, vers une résolution du conflit israélo-palestinien. Leur application fut menée par Yitzhak Rabin et Shimon Peres du côté israélien, et Yasser Arafat du côté palestinien, tout trois jouissant d’un excellent appui auprès de leurs populations respectives.

Pourtant, durant les cinq années qui suivirent Oslo, près de deux fois plus d’Israéliens furent tués dans des attaques terroristes menées par des Palestiniens que durant les six années que durèrent l’Intifada, la guerre des pierres. Ytzhak Rabin fut assassiné, Benjamin Netanyahu, un partisan de la ligne dure, porté à la tête de l’État hébreu et le conflit reprit de plus belle, malgré d’autres tentatives de négociations.

Ces difficultés par des leaders forts à appliquer un plan de paix pourtant populaire soulèvent de sérieuses questions sur le réalisme des actuelles négociations dirigées par les Etats-Unis entre Palestiniens et Israéliens. Les dirigeants de ces nations, s’ils devaient arriver à une entente, n’auraient sans doute même pas le support nécessaire pour l’appliquer.

Le président palestinien Mahmoud Abbas est considérablement affaibli après sa longue confrontation avec le Hamas. Le Fatah, son parti politique, profondément divisé et discrédité, ayant perdu tout contrôle sur la bande de Gaza, Abbas ne peut compter sur un appui majoritaire de la population palestinienne, et ce, malgré les nombreuses tentatives internationales de renforcer son statut en accordant à l’Autorité Palestinienne un plus grand soutien financier.

Le premier ministre israélien Ehoud Olmert est pour sa part éclaboussé par un considérable scandale financier et doit composer avec une profonde division au sein de son parti, le Kadima, sur les pourparlers qu’il tient présentement. De plus, le consensus pour la paix est loin d’être large auprès de ses concitoyens : seuls 51 % des Israéliens appuient les plus récentes négociations.

George W. Bush, de son côté, tente en promouvant un plan de paix que l’histoire retienne autre chose de sa présidence que la désastreuse invasion de l’Irak. Mais advenant une entente, qui risque d’impliquer l’envoi de forces étrangères pour assurer à Israël une certaine sécurité, comment ce président au taux d’approbation famélique saura convaincre le Congrès de fournir les troupes nécessaires ? Ce partisan farouche de l’unilatéralisme saura-t-il convaincre la communauté internationale d’appuyer une entente ?

Certains diront qu’essayer vaut mieux que de ne rien faire. Il n’en est rien : en cas d’échec, il n’y aura pas de retour au statu quo. Le Hamas clamera qu’il avait raison de s’opposer aux négociations, et prendra encore plus de galon ; les faucons israéliens essaieront d’imposer une ligne plus dure au gouvernement Olmert. Les échecs répétés des dernières années ont eu pour conséquence de radicaliser les positions israéliennes et palestiniennes : la deuxième Intifada tire ses racines des ratés des négociations. À chaque porte claquée, à chaque sommet d’où ne provient que fumée, les sceptiques se voient renforcés, assurant à la prochaine tentative un peu moins de support.

Parfois, le chemin le plus court vers la paix passe par la patience. Si quelques politiciens tentant de sauver leurs carrières signent un accord de paix qu’ils n’auront jamais les capacités d’appliquer, ils ne feront que fournir des armes aux plus radicaux des deux camps. Un échec aussi retentissant jetterait un discrédit sur toute future tentative sérieuse de négocier une véritable paix durable, tentative qui devra avoir lieu lorsque les circonstances seront plus propices.

Le conflit au Proche-Orient dure depuis des décennies déjà ; rien ne saurait justifier que l’on bâcle rapidement une entente qui ne ferait qu’accentuer les tensions.

Les Palestiniens et les Israéliens méritent mieux qu’une paix des faibles.

1 comment:

Anonymous said...

On dirait qu'il y a quelque chose qui décroche du journalisme standard... est-ce que ça serait la prise de position? Ç'a un côté éditorial à côté duquel on peut pas passer, mais... c'est peut-être juste parce que je lis ça d'un oeil fatigué, mais ça me donne l'impression de relever du débat d'initiés... Hamas, Fatah, Gaza,un plan de PAIX de BUSH!? Même moi je suis comme passé à côté de ça...

Je me sens un peu dépassé en tant que "lecteur moyen" autoproclamé...

(J'espère que mon commentaire t'aidera au moins un peu, et si ça peut te consoler, j'ai saisi l'essentiel du propos =P)